Fuyez les décors standardisés !

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Un article des INROCKS m’a interpelée récemment, sur les décors standardisés des logements de vacances à travers le monde qui uniformisent les séjours des voyageurs. Quoi de plus insupportable que la fadeur érigée en modèle ? C’est pourtant bien ce qui prévaut dans 80% des gîtes : le style showroom Ikea le dispute à l’industriel refabriqué et à la fausse brocante.

Aujourd’hui, 80% des décors dans les gîtes se ressemblent. C’est aussi ce que me disait un photographe qui travaille pour airbnb et a le sentiment de se retrouver partout dans les pages d’un catalogue international. Le paradoxe est là : Le voyageur veut de l’authenticité, mais tout en ayant ses repères de magazines formatés par un goût « décorativement correct ». Retrouver partout les mêmes références rassure, bien que l’on soit à l’opposé de l’esprit aventureux du voyageur. Dans ces décors au look téléphoné, tout est savamment posé  ou restauré « à la manière de ». Cela manque cruellement d’énergie, il ne faut surtout pas déranger, et vas-y que je te tartine du beigeasse du sol au plafond.

Quel est l’intérêt de séjourner pour quelques jours dans des logements sans originalité, sans authenticité ni référence au contexte historique, géographique ou familial où l’on se trouve ? Car loger chez un particulier, c’est loger dans un univers unique. Cette fameuse relation unique dont l’individu a tant besoin et qui est tant vantée par les plateformes de location.

MAISON D’HÔTES / BEATRICE FAUROUX

Studio Sixties : Lustre de mariage (Boncoin), dalles à carreaux (Gifi), bureau (brocante à Dole), chaise (famille), armoire (Armée du Salut), Radio 1966 (Boncoin), fauteuil (Salon à Strasbourg), ventilateur (Troc.com), linge de lit (Toto), meuble bas (Emmaüs), réveil (puces). Photo Jean-Claude Figenwald.

Un décor, c’est un jeu de piste

Chaque objet a sa provenance, son histoire, son parcours. Comment est-il arrivé là ? Comment se fait-il qu’au Studio Sixties la table de la cuisine a l’air de sortir de la même usine que le buffet ou les tabourets ? En fait, il n’en est rien. Ces objets ont été trouvés sur trois années, dans des lieux différents lors de visites de brocantes, puces ou intérieurs divers. Le lavabo de la salle de bain sort de mes réservés accumulée pendant des années, le miroir d’un dépôt-vente vintage, les papiers peints sont tous d’origine. C’est comme un jeu de piste, un fil d’Ariane que l’on tire pendant des années, un jeu de piste qui un jour constituera un puzzle unique. Mon plaisir est vraiment là, dans les trouvailles est les correspondances entre elles qui créent des ambiances vraiment uniques.

Kitsch, coloré, baroque, ultra-classique, campagnard ou complètement barré : Tout, sauf l’ennui de la fadeur consensuelle érigée en modèle.

Béatrice Fauroux

PS : Article des Inrocks : http://www.lesinrocks.com/2016/08/27/actualite/societe/bienvenue-lere-vide-decoratif-11859129/